Des roms au Japon

En septembre 2012, une étudiante japonaise à Lyon me contacte pour obtenir des informations sur les roms en bidonvilles dans le cadre d’un travail de mémoire en géographie. D’abord bien loin de cette situation, sa démarche va s’avérer très riche par la suite. 

Au début de nos échanges, je me souviens être marqué par une de ses questions qui insiste. Elle tente de comprendre, au fond, ce qu’il y a de similaire à la situation des roms en bidonvilles au Japon.

Ce qui lui permet de mieux comprendre: elle m’explique qu’il y a bien eu par le passé des familles de japonais exilés sur le continent américain (beaucoup en Amérique du Sud, en particulier au Brésil) qui ne sont parties que parce qu’elles n’arrivaient pas à vivre correctement au Japon et elles ont tenté le tout pour le tout ailleurs, quitte à vivre, au moins un temps, dans des conditions extrêmement précaires.

Elle comprend donc enfin parce qu’elle n’y voit plus une situation particulière.

Elle réalise aussi des cartographies (qui me paraissent alors assez nouvelles) de la situation des roms autour de la gare de Perrache à Lyon.

Cartographie en japonais du mouvement des roms à Perrache
La cartographie des mouvements des familles roms à Perrache fait par cette étudiante japonaise

En octobre 2012, elle rentre au Japon pour rédiger son mémoire. Le 27 mai 2013, elle m’envoie un mail pour m’annoncer qu’elle a enfin déposé son mémoire et en a défendu les arguments face à un jury et devant un parterre d’étudiants. Elle m’écrit: « Je pense que j’ai pu un peu contribuer à faire connaitre ces problèmes ici au Japon, qui n’étaient pas du tout connus. »

La soutenance de l'étudiante japonaise
La soutenance de mémoire de l’étudiante japonaise

Je la félicite et lui demande plus précisément comment a été reçu ce travail. Elle me répond en ce sens: « Mes professeurs m’ont demandé si c’était bien d’essayer d’intégrer les Roms à notre société plutôt que respecter leur culture. Aussi ma recherche n’a pas suffit pour éclaircir leur vie, ils voulaient savoir plus précisément comment les Roms survivent à cette situation. Mais ils ont apprécié quand même mon travail, qui n’avait presque jamais été fait au Japon (…) Tous les professeurs et camarades qui sont déjà allés en Europe se sont bien intéressés à cette recherche sur les « mendiants et voleurs » qu’ils avaient rencontré ou s’étaient fait volé pendant le voyage. J’ai réussi à un peu changer leur point de vue, que les Roms ne sont pas simplement des clochards comme ils imaginaient. Quelques professeurs ont dit que cette population ressemblaient aux « Intouchables (Parias) » de l’Inde. Cette sorte de problème ethnique, existe un peu partout dans le monde… »

Elle me précise enfin que l’ambassade du Japon à Paris s’est montrée intéressée par son mémoire, notamment pour pouvoir comprendre le problème des vols contre les touristes japonais à Paris qui se font régulièrement détrousser par des roms…