Je poursuis ici mon idée de « série » sur les financements (et donc les politiques) qui interviennent sur les situations locales d’extrême pauvreté que connaissent les roms en Roumanie. Dans ce billet, j’ai regardé la première liste des projets qui vont être financés dans le cadre du programme opérationnel « POCU » du Fond Social Européen (FSE). Je me suis notamment demandé où vont se dérouler ces projets et s’ils interviennent « au bon endroit »?
J’ai fait un premier billet pour faire rapidement le tour des financements et notamment sur le FSE (Fond Social Européen) en particulier qui est un peu la pierre angulaire des financements européens en Roumanie pour lutter contre les poches de pauvreté qui concernent en grande majorité les roms.
J’ai donc ici pris les premiers résultats de cet appel à projet sur l’axe 4.1, où 30 projets sont listés pour être financés. Ce qui est intéressant, c’est que la liste donne à chaque fois (sauf pour un projet) les localités concernées par les projets. J’ai donc repris cette information pour en faire une carte:
Je crois que ce qui est intéressant, c’est la concentration sur deux ou trois « zones », où les acteurs locaux semblent être plus « actifs » (encore qu’on ne connaisse pas l’ensemble des demandes déposées) ou tout du moins obtiennent de bons résultats (le classement est établi à partir d’un système de points).
Département | Nombre de projets |
Dolj | 4 |
Maramureș | 4 |
Mureș | 4 |
Alba | 2 |
Bistrița-Năsăud | 2 |
Caraș-Severin | 2 |
Constanța | 2 |
Sălaj | 2 |
Satu Mare | 2 |
Brașov | 1 |
Ialomița | 1 |
Olt | 1 |
Vaslui | 1 |
Vrancea | 1 |
Il y a aussi une autre information qui est importante : si le projet est porté par une collectivité territoriale (secteur public) ou une ONG (secteur privé). 18 projets qui vont être financés ont été déposés par une collectivité territoriale (ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’ONG dans le consortium le cas échéant) ; 12 projets déposés par une ONG (là je prends bien les 30 projets listés, j’ai l’information pour tous).
Enfin, c’est le moins évident (voire pas évident du tout), mais ce que j’avais derrière la tête en faisant cette petite carte, c’est de la comparer avec la carte des « localités d’origine » des roms de Lyon (cf. l’article ici). A priori, ça n’a rien à voir et rien n’est comparable. Sauf que, pour moi, l’une des fonctions nécessaires et urgentes de l’appel à projet est d’intervenir là d’où partent les familles parce que c’est là que les conditions de vie sont soit les plus mauvaises, soit les plus exclusives (rejet des pauvres et des roms).
Avec les éléments dont je dispose et qui concerne les roms de Lyon, ça n’a pas vraiment de sens, c’est seulement une illustration pour savoir si l’un de ces projets « répond » tout-à-fait à ce que j’ai par ailleurs distingué comme une situation locale où il serait « nécessaire et urgent » d’intervenir:
Ce qui m’étonne en particulier, c’est l’absence de projet sélectionné dans les départements de Bihor et Arad (où, sur la carte des « localités d’origine », se concentrent les localités des roms de Lyon). Encore une fois, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de projets déposés (au contraire, j’ai moi-même participé à une réponse à l’appel à projet pour la commune de Tinca, dans le département de Bihor), mais on peut dire que les organisations et collectivités de ces coins-là n’ont pas (encore) brillé… C’est franchement dommage, car je reste persuadé qu’il y a un besoin criant par là-bas… Wait and see, cette liste des 30 premiers projets va être bientôt complétée par d’autres projets, la sélection se poursuit.
Sources:
L’annonce des résultats sur le site fonduri-structurale.ro (en roumain).
La page du site du ministère roumain des fonds européens consacrée au POCU (en roumain).